Dans le cadre du rapport annuel 2021, le concept de formation sur mesure proposé par le Centre de perfectionnement de l’ARPIH a été présenté. Pour ce présent article, nous souhaitons mettre en lumière un exemple de tel dispositif, co-construit avec la Fondation de Serix. Cette institution vaudoise est active dans le champ de la protection de l’enfance. La direction de l’institution a approché le Centre de perfectionnement de l’ARPIH en 2019 pour construire une formation à l’attention de son personnel exerçant dans le secteur éducatif et de l’enseignement spécialisé. Elle faisait état d’un contexte en évolution, des situations d’enfants accueillis de plus en plus complexes, une psychiatrisation croissante. L’intention du projet de formation reposait sur le développement du pouvoir d’agir des professionnel·le·s dans les accompagnements individuels et collectifs.

Nous avons répondu à cette demande par une proposition de démarche de projet agile, alternant des modalités de formation avec des temps d’évaluation. Nous avons donné une place importante à l’analyse de la demande : la première étape de formation a été réfléchie et co-animée par Monsieur Laurent Fasel, responsable de formation ARPIH en charge de la coordination de cette formation, et la soussignée. Durant une demi-journée vécue avec des représentant·e·s des équipes concernées, nous avons travaillé autour d’une question prospective “Serix en 2030, quels accompagnements souhaitez- vous voir se développer dans l’institution ?”. Cet espace a notamment permis d’identifier le besoin d’être outillé·e·s en matière de connaissances en psychopathologie, et de bénéficier de temps de partages entre pairs. Une rencontre avec des représentant ·e·s de la direction et des équipes nous a permis d’organiser une nouvelle étape de formation que raconte la Dresse Michelle Davidson, responsable du secteur thérapeutique de l’institution: “La nécessité de renforcer des connaissances de base de psychopathologie était évidente dans notre fondation depuis plusieurs années.

En 2019, un projet a été élaboré avec l’ARPIH d’un co-enseignement de six séances, trois de psychopatholgie données par moi-même en tant que pédopsychiatre de l’institution et trois d’analyse de pratique par Madame Sahli”. La pandémie a suspendu ce dispositif et un nouveau temps de bilan a permis de réfléchir à une troisième étape de formation. Madame Davidson relate: “Nous avons pu constater que les participants ne faisaient pas de liens entre les séances de pyschopathologie et l’analyse de pratique. L’analyse de pratique était toujours centrée sur un évènement récent ayant été difficile à gérer dans l’institution, et l’urgence occupait la scène. L’idée de faire un co-enseignement réel pendant la même séance paraissait plus intéressante, permettant de penser à des stratégies éducatives en lien avec les symptômes et l’origine des symptômes d’un enfant. Un groupe transverse fermé formé d’éducateurs de foyer, éducateurs scolaires et enseignants a été mis en place en 2022. Le retour a été positif et l’aspect transverse particulièrement intéressant”. Ce dispositif de formation de 2022 a été renouvelé à la suite d’un bilan, et dix rencontres sont planifiées pour l’année 2023.

Ces temps de formation, nommés Communauté de pratiques et éclairage par des connaissances en pédopsychiatrie, se déroulent durant des périodes de deux heures et quart, temporalité qui correspond à la disponibilité des différent·e·s professionnel·le·s concerné ·e·s. Ils réunissent une dizaine de participant·e·s dans un groupe fermé. Ils sont co-animés par Madame Barbara Pires, psychologue de l’institution, et la soussignée. Chacune a une fonction spécifique dans le cadre de ces temps de formation : la transmission de connaissances en psychopathologie d’une part, et l’animation de la séance d’autre part. Durant chaque rencontre, nous travaillons autour d’une situation d’enfant accueilli·e, dont le choix est déterminé par le groupe d’une séance à l’autre. Cela permet à la psychologue de consulter le dossier, voire d’échanger avec la responsable du secteur thérapeutique. Ce dispositif repose sur le concept de communauté de pratique réfléchi par Etienne Wenger 1, qui pense l’engagement et le sentiment d’appartenance des membres d’un groupe comme un vecteur d’apprentissages, par les activités de partages et d’échanges relatifs à des activités communes.

Dans ce sens, nous avons soigné la construction de la dynamique de groupe, par l’élaboration d’un contrat relationnel, qui soutient l’expression d’expériences, de vécus, de résonances. L’animation s’inspire d’une méthodologie d’analyse de pratique, le GEASE, qui repose sur l’approche du co-développement professionnel 2. Cette référence nous invite à structurer des temps d’expression spécifiques : choix d’une situation, présentation, questionnements, hypothèses de compréhension et d’action, définition de pistes d’interventions, identification des apprentissages et bilan. Les liens avec les savoirs relatifs à la psychopathologie sont expliqués par Barbara Pires: “Je transmets des connaissances théoriques dans le temps consacré aux hypothèses, afin de nourrir les réflexions de chaque intervenant, en encourageant la mise en lien entre les pensées et les ressentis de chacun dans la prise en charge des enfants, l’histoire de l’enfant et son organisation psychique et les connaissances pratiques et théoriques”. L’intervenante se réfère à la situation travaillée, mais les savoirs présentés sont transférables à d’autres contextes d’accompagnement.

L’angle théorique se rapporte principalement à l’approche psychodynamique, en y associant un regard systémique. Les mots de conclusion sont laissés à une participante à cette formation, Madame Sandrine Baumberger, intervenante de famille à Serix: “Au fil des séances, ce fut un sentiment de réjouissance que j’ai ressenti à y participer. Le partage des connaissances et compétences différentes des deux intervenantes a donné au duo un climat stimulant et bienveillant. Les diverses animations qui nous ont tous impliqués personnellement, y compris les co-animatrices, a, pour moi, favorisé les échanges entre nous dans une dynamique de confiance. La mise en commun de tous nos regards et les apports théoriques amenés, sur la base de situations cliniques, m’a permis de porter ma vision plus loin et d’en voir les effets sur ma pratique professionnelle”.

 

Anne-Christine Sahli

Responsable du Centre de perfectionnement

 

1 Wenger, E. (2005).La théorie des communautés de pratique, apprentissage, sens et identité. Les Presses de l’Université Laval.

2 Champagne C. (2021). Le codéveloppement: L’intelligence collective au service de l’individu et du groupe, Editions Erolles.

 

 

 

La Fête des Anciens a lieu toutes les années le 1er mercredi du mois de novembre des 18h00 à la Grande salle de Serix.

La Fondation de Serix, étant dans une période de transition de direction, la Fête des Anciens n’aura pas lieu cette année, mais sera reportée sans faute l’année prochaine.

Nous nous réjouissons de vous retrouver l’année 2023 et vous remercions de votre compréhension.

 

Qui n’a pas rêvé un jour de se réfugier dans sa cabane ou même de la construire de ses propres mains ?

Comment amener une touche poétique auprès des jeunes placés en Institution ?

Les enfants n’arrivent pas forcément dans de bonnes conditions. Ils sont parfois submergés par leurs émotions, ce qui ne leur permet pas toujours de se mettre au travail et d’avoir accès à leur créativité. J’ai pu observer que certains se réfugiaient spontanément dans des endroits cachés et contenants lorsqu’ils n’étaient pas bien.

Où qu’elle se trouve, la cabane amène à la rêverie, au monde imaginaire mais aussi à l’introversion. Elle permet de retrouver l’apaisement dans le fracas du monde environnant et répond au besoin impérieux de se mettre en marge de l’agitation extérieure.

Avoir accès à des lieux où l’on peut s’isoler du reste du groupe si nécessaire et de pouvoir se poser me semblait pertinent. Car lorsque l’on se sent mieux et plus sécurisé, il est possible d’être dans de meilleures dispositions pour créer et apprendre, que ce soit en individuel ou en collectif.

La suite du projet prévu pour le printemps 2020 a été de construire la cabane institutionnelle en extérieure. L’idée étant que chaque jeune de l’Institution y participe. Cette cabane vivante est construite en pousses de saule tressées. Elle se recouvre au fil des mois de feuilles

Dame nature n’a pas pu attendre la fin du confinement et le retour de tous les enfants pour être faite. Elle a finalement été élaborée durant le confinement avec les enfants qui étaient présents sur le site. Un joli projet qui évolue chaque jour.